Combats I et II – 1928
Deux diptyques monumentaux
Léonard Tsuguharu Foujita a réalisé les diptyques monumentaux « Combats I et II » en 1928. Ces œuvres, peintes à l’huile sur toile, mesurent chacune 3 mètres par 3 mètres. Foujita connaissait déjà un succès international et décide de se consacrer à la réalisation de cette œuvre monumentale, composée de quatre toiles au total. Ces tableaux marquent l’aboutissement des recherches artistiques de Foujita, comme il l’écrit lui-même à son épouse d’alors, Youki. Les tableaux représentent un ensemble d’hommes et femmes nus luttant, de couleurs de peau différentes, sans fond défini. Des animaux participent également à la lutte. Le tout est construit autour d’une figure principale centrale et les autres personnages – humains comme animaux – semblent s’animer autour.
Un mélange de techniques
« Combats I et II » illustrent parfaitement la fusion entre les techniques japonaises et européennes caractéristique dans l’art de Foujita. L’artiste utilise sa technique pour obtenir un fond blanc crayeux, offrant une matière lisse et satinée d’une rare transparence. Cette approche s’inspire directement de l’art japonais du tsukuri-e (« dessin construit »), tout en intégrant des influences occidentales. En effet, Foujita aborde pour la première fois le format monumental. Il s’inspire des grands cycles de la Renaissance italienne, notamment le Jugement dernier de Michel-Ange. Les compositions sont remplies de nus académiques qui occupent tout l’espace, créant un effet désorientant pour le spectateur. Foujita laisse à la couleur un rôle secondaire mais décisif, qui sublime le trait. Son style se caractérise par une sûreté infaillible du trait et des lignes d’une finesse calligraphique exemplaire, utilisant le sumi (encre noire japonaise).
Ces diptyques monumentaux démontrent la puissance virtuose de Foujita et l’impact qu’il eut sur son époque, représentant l’apogée de sa création artistique durant les Années Folles.